Décembre au Japon : on finit l’année en beauté !

Après un mois de novembre aux nombreuses activités de plein air, nous reprenons notre exploration du calendrier japonais avec la découverte du mois de décembre. 🙂

Pour beaucoup d’étrangers occupés à préparer les fêtes de fin d’année dans leurs propres pays, le mois de décembre japonais reste assez mystérieux. Que se passe-t-il donc au Pays du Soleil Levant à cette époque de l’année ?

Calendrier japonais de décembre

25 décembre : Noël s’invite au calendrier japonais…

Certes, juste après le solstice d’hiver (tôji/冬至), il y a bien Noël/kurisumasu/クリスマス. Mais à vrai dire, il s’agit là d’une fête que je qualifierais « d’importation », de surcroît récente et commerciale, qui ne s’inscrit pas dans la pure tradition japonaise.
D’ailleurs, elle n’apparaît pas comme jour férié au calendrier japonais ! Par conséquent, si vous vous trouvez au Japon à Noël, tout juste pourrez-vous aller admirer les illuminations dont rivalisent les villes à cette période et vous offrir une virée au KFC comme beaucoup de jeunes et de familles avec enfants ! 😀

Au mois de décembre, l’intérêt du calendrier japonais réside en fait dans l’observation de l’activité effrénée des Japonais. Pas le temps de chômer à cette période de l’année ! Pour ainsi dire, le Japon tout entier a les yeux rivés sur la seule date qui vaille vraiment : le 31 décembre ! Il s’affaire donc à préparer l’événement ainsi que les quelques jours qui s’ensuivent.

Mais en quoi consiste donc ces préparatifs ? Pour le savoir, il faut avoir vécu le Japon « de l’intérieur ». Je m’en vais donc vous en résumer les traits saillants, comme si vous y étiez ! 🙂

… sans concurrencer LA pépite du calendrier japonais : le 31 décembre !

Alors que le 31 décembre constitue l’aboutissement d’un mois trépident consacré à sa préparation, on s’étonnera que cette date ne fasse pas l’objet d’un jour férié à part entière… En réalité, c’est probablement pour mieux apprécier le sacro-saint jour férié suivant : le Nouvel An ! 😀

On retient donc son souffle jusqu’à la dernière minute du 31 décembre, qui porte le nom spécifique de : ômisoka/大晦日/veille du Nouvel An.

Observons donc comment les Japonais s’y préparent et à quoi ressemble cette ultime journée de l’année.

Une préparation méticuleuse tout au long du mois de décembre

En gros, les préparatifs de décembre se décomposent en deux catégories : ceux orchestrés dans la sphère sociale et ceux relevant du domaine privé.

DES PREPARATIFS A DESTINATION DES AUTRES

Ces préparatifs ont vocation à remercier tous ceux que l’on a côtoyés au cours de l’année écoulée et qui nous ont soutenus dans nos réalisations. Il peut s’agir aussi bien de collègues de travail, de supérieurs hiérarchiques, de fréquentations extra-professionnelles au sens large.

Ces remerciements se concrétisent par :

  • l’échange de cadeaux de fin d’année : o seibo/お歳暮
  • l’envoi de cartes de voeux de Nouvel An : nengajô/年賀状
  • la participation à des soirées de fin d’année : bônenkai/忘年会
Cadeaux de fin d’année/o seibo/お歳暮

Les cadeaux de fin d’année/o seibo/お歳暮 constituent le pendant de o chûgen/お中元, ces cadeaux échangés courant juillet avant la fête de o bon/お盆 . Une fois encore, ils consistent le plus souvent en des présents du quotidien (nourriture, alcool …) faisant l’objet d’un emballage soigné, voire luxueux comparativement au contenu. On témoigne ainsi de sa reconnaissance à l’égard des personnes auxquelles on est redevable, la valeur moyenne de chaque cadeau se situant dans une fourchette de 3000 à 5000 yen.

La consultation de ce catalogue en ligne donne un bon aperçu des types de présents offerts : vente en ligne de cadeaux de fin d’année/o seibo/お歳暮.

Cartes de voeux de Nouvel An/nengajô/年賀状

Avec l’avènement du numérique et la problématique du développement durable, les cartes de vœux électroniques ont fait une entrée en force dans la société japonaise. Néanmoins, la pratique traditionnelle d’échange de cartes de voeux physiques reste encore très vivace, tant en entreprise que dans le domaine privé.

décembre au Japon : l'échange de nengajô
nengajô : carte de voeux du Nouvel An

Cela explique sans doute en partie l’innombrable choix disponible en matière de cartes de voeux de Nouvel An.
Je vous laisse l’apprécier en allant naviguer à loisir sur un site gratuit tel que celui-ci : cartes de voeux de Nouvel An téléchargeables gratuitement en ligne.
Qui pourra donc rester insensible à la richesse des styles proposés ? Chemin faisant, les plus perspicaces d’entre vous, auront remarqué que certaines cartes ont même des allures de printemps. Cela tient au fait que, dans l’ancien calendrier japonais, le Nouvel An coïncidait avec la jolie floraison des pruniers. 🙂

Enfin, moyennant le respect d’une date limite de remise, la coutume veut que les cartes soient livrées précisément le 1er janvier par la Poste japonaise. Une réception de voeux un peu plus tardive, au plus tard la seconde semaine de janvier, est néanmoins considérée comme acceptable.
A titre d’exemple, je reçois en général les voeux électroniques de mes amis japonais pile le 1er janvier et je m’inquiète s’il y a le moindre retard ! 😀

Soirées de fin d’année/bônenkai/忘年会

Généralement bien arrosées, ces soirées se déroulent aussi bien entre collègues de travail que d’activité personnelle (dans le cadre d’un club, d’une association par exemple).

es bônenkai japonais du mois de décembre :

Comme son nom l’indique, l’objectif d’une telle soirée est « d’oublier l’année qui vient de s’écouler » ( : oublier / : année/ : réunion). En d’autres termes, il s’agit de se mettre en mode Reset avant le Nouvel An ! Moment idéal pour « déballer son sac » et faire état de ses frustrations en toute impunité ! 😀

Vu d’ici, ça a tout l’air d’une coutume bien sympathique, mais dans les faits, la multiplication de telles festivités peut devenir assez difficile à supporter, voire éprouvant, sur le plan physique et moral…

DES PREPARATIFS POUR LA SPHERE PRIVEE

Côté « maison », deux à trois préparatifs sont quant à eux incontournables avant la soirée du 31 décembre.

Cela consiste à :

  • réaliser un grand ménage de fin d’année : ôsôji/大掃除
  • prévoir les mets du Nouvel An : o sechi ryôri/お節料理
  • mettre en place les décorations dédiées au Nouvel An : kadomatsu/門松, kagamimochi/鏡餅, shimenawa/しめ縄

L’usage qui consiste à effectuer un grand ménage de fin d’année/ôsôji/大掃除s’apparente à un rite de purification. Il implique un nettoyage complet du domicile, mais aussi un grand rangement. L’idée sous-jacente est bien sûr de commencer l’année dans de bonnes conditions, débarrassé de tout encombrement et de toute dette à l’égard d’autrui.

décembre au Japon : la pratique du ôsôji
ôsôji : le grand ménage de fin d’année

La tradition veut également que l’on ne cuisine pas les trois premiers jours de l’année. Par conséquent, il est d’usage de préparer ou de commander à l’avance la nourriture traditionnelle de Nouvel An.
L’ensemble des mets cuisinés pour le 1er janvier est connu sous le nom de : o sechi ryôri/お節料理. Pour le plaisir des yeux, je vous laisse d’ores et déjà en découvrir le contenu à travers cette vidéo :
La cuisine japonaise traditionnelle du Nouvel An

Les recettes alléchantes que dévoile ce cuisinier vous donneront peut-être envie de concocter un repas de réveillon original qui contentera les papilles de vos convives à l’occasion des fêtes de fin d’année ! 🙂

Des décorations spécifiques issues de la tradition shintoïste

Enfin, traduction miniature de décorations largement répandues dans l’espace public (sanctuaires, grands magasins, boutiques, entreprises), lorsque la configuration du domicile le permet, la maison se pare elle aussi, à compter de la mi-décembre, d’emblèmes symboliques d’origine shintô tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

On compte ainsi parmi eux :

  • le kadomatsu/門松 dit « pin de seuil », belle décoration florale à base de pin et de bambou, placée sur le seuil en guise d’accueil aux kami/dieux.
    Pour en savoir davantage, avec humour et en images, je vous invite à consulter la page que lui a consacrée une infographiste de talent :
    Les kadomatsu 門松-Les gardiens des portes du Nouvel An
  • le kagamimochi/鏡餅 dit « mochi miroir », donné en offrande aux kami/dieux.
  • le shimenawa/しめ縄, grosse corde tressée, suspendue à l’entrée pour chasser les mauvais esprits.

Kadomatsu et shimenawa se retrouvent donc à la porte d’entrée de la maison, tandis que le kagamimochi est placé en offrande au pied de l’autel domestique ou en décoration dans un espace dédié. L’ensemble représente l’invite faite aux dieux/kami à venir rejoindre le monde des mortels le temps du passage à la nouvelle année, dans un espace accueillant et purifié. Le tout sera progressivement éliminé après le Nouvel An, entre le 8 et le 15 janvier. Pas question de cohabiter avec les dieux/kami tout au long de l’année ! 😀

Un rituel bien huilé le jour J

Après ce long mois de préparatifs et d’attente, que font donc les Japonais le 31 décembre pendant que nous réveillonnons ?…..

Eh bien, ils patientent encore un peu avant de vraiment fêter le Nouvel An ! 😀

Cependant, nombreux sont ceux qui attendent de tourner la page de l’année écoulée en suivant un rituel bien établi, issu du bouddhisme zen et propagé à travers tout le pays au début de l’ère Shôwa (1926 – 1989).

Ce rituel consiste d’une part, à se rendre dans un temple pour assister à la veillée de « joya no kane »/除夜の鐘 (108 coups de cloche frappés avant minuit qui représentent chacun une tentation humaine dont on se libère), et d’autre part, à déguster les fameuses longues nouilles de sarrasin dites « soba de passage à la nouvelle année »/toshikoshisoba/年越しそば.

D’autres encore, choisissent de rester chez eux pour regarder tranquillement à la télévision un concours musical encore très apprécié de nos jours. La diffusion annuelle de cette émission a débuté en 1953 sur la chaîne publique NHK. Deux équipes de chanteurs populaires (une féminine et une masculine) s’y affrontent, la détermination de l’équipe gagnante revenant aux téléspectateurs. Une occasion rêvée de se familiariser avec les goûts musicaux très éclectiques prévalant dans la société japonaise !

Quel que soit le choix retenu, admettons qu’il n’y a là rien de bien fastueux en comparaison de nos réveillons.

A vrai dire, c’est que le meilleur reste à venir !… 🙂

Patience donc, et en attendant le 1er janvier, je vous dis :

yoi o toshi wo !よいお年を !
Passez de bonnes fêtes !

Alors, certaines pratiques inscrites au calendrier japonais de décembre, vous donnent-elles envie de les adopter d’ici votre prochain réveillon du Nouvel An ?
Faites-le savoir en ajoutant votre commentaire ou en prenant contact avec moi ! 🙂

Si vous avez aimé cet article, vous êtes libre de le partager. :)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.