L’arrivée du mois de juillet au Japon annonce la fin de la saison des pluies/tsuyu/梅雨. Que du bonheur en perspective !
Avec notamment deux temps forts inscrits au calendrier :
- Un jour férié dédié à la mer/umi no hi/海の日
- Un jour poétique consacré à deux mythiques étoiles : tanabata/七夕
Le jour de la mer/umi no hi/海の日 : 3ème lundi du mois de juillet
Une journée festive et légère…
Le jour de la mer/umi no hi/海の日 puise son origine dans l’histoire très récente du Japon.
Institué le 20 juillet 1941, il portait alors le nom de « jour du mémorial de la mer/umi no kinenbi/海の記念日« . Il visait à commémorer le retour à bon port de l’empereur Meiji (1852 – 1912) après son périple au nord du Japon à bord du Meiji Maru, bateau à voile construit en Angleterre.
Devenu jour férié en 1995 sous le nom populaire de umi no hi/海の日, il est désormais arrêté au 3ème lundi du mois de juillet. Il permet ainsi aux Japonais de profiter d’un week-end prolongé. Il est l’occasion pour eux de profiter pleinement, en famille ou entre amis, des innombrables plaisirs offerts par la mer : plage, pêche, sports nautiques, visites d’aquariums, dégustation de produits de la mer. D’autres, plus sensibles à la question environnementale, participent à des actions de nettoyage du littoral nippon.
…qui renvoie à une réalité plus sombre
Cependant, en ce jour particulier, dont la vocation est de montrer l’attachement de chacun aux précieuses ressources maritimes du pays, on imagine aisément combien les victimes de la triple catastrophe de Fukushima le 11 mars 2011 doivent avoir le coeur serré !
Pour mémoire, cette triple catastrophe du 11 mars 2011 a pour origine un tremblement de terre de magnitude 9,1 sur l’échelle de Richter ayant entraîné un gigantesque tsunami et un accident nucléaire dévastateur, le plus important depuis Tchernobyl en 1986. Au total, ce sont plus de 18.000 morts et disparus qui ont été déplorés, et une région entière s’est retrouvée anéantie.
un littoral marqué à jamais : quid de l’avenir ?…
Visionnons tout d’abord ce reportage qui permet de se remémorer l’ampleur de la catastrophe :
Ainsi que l’illustre le reportage ci-dessous, douze ans après le drame, la région du nord-est du Japon garde encore les stigmates du désastre : la durée nécessaire au démantèlement de la centrale est estimée à 30 ou 40 ans ! Fukushima dix ans après : démanteler la centrale et reprendre une vie normale
(Euronews du 9 mars 2021)
Dans ce contexte, après s’être âprement battus pour regagner la confiance des consommateurs, comment les pêcheurs de la région pourraient-ils donc rester insensibles au projet gouvernemental de rejeter progressivement dans la mer les eaux de la centrale de Fukushima, désormais considérées comme suffisamment décontaminées et sans risque pour les populations ?
La vidéo qui suit s’empare d’ailleurs de cette question épineuse et polémique :
Le Japon va rejeter en mer les eaux contaminées de Fukushima (France 24 du 13 avril 2021)
Après ces considérations empreintes de gravité, venons-en maintenant à un sujet plus poétique et lunaire, celui de la fête des étoiles/tanabata matsuri/七夕祭り…
7 juillet : le Japon vit la tête dans les étoiles !
Une légende chinoise à l’origine de la fête de Tanabata
D’origine chinoise, la fête de Tanabata/tanabata matsuri/七夕祭り porte aussi le nom de fête des étoiles/hoshi no matsuri/星の祭り et représente l’une des cinq fêtes associées au passage des saisons.
Introduite au Japon par la cour impériale de Nara (710-794), elle a été popularisée dans toute la société japonaise à partir du XVIIème siècle. En effet, c’est à cette époque que s’opère la fusion entre des rites agraires ancestraux visant à assurer de bonnes récoltes et la légende chinoise à l’origine de la fête.
Mais quelle est donc cette jolie légende ?… Je vous en dévoile l’essence dans un résumé que j’ai traduit pour vous :
« Il était une fois une jeune fille du nom de Orihime, tisserande de talent. Son père, le Maître des cieux, était ravi de la voir si concentrée à l’ouvrage sur son métier à tisser. Cependant, soucieux de lui trouver un époux, il se mit un jour en tête de lui faire rencontrer un jeune bouvier très courageux et travailleur, du nom de Hikoboshi, qui travaillait de l’autre côté de la Voie lactée.
A peine se furent-ils rencontrés, qu’ils tombèrent amoureux l’un de l’autre et se marièrent.
Hélas, leur passion l’un pour l’autre en vint à leur faire délaisser les travaux pour lesquels ils avaient montré de si belles aptitudes. Très en colère face à cette situation, le père de Orihime décida de prendre une décision radicale : les séparer à jamais !
Après s’être repentis de leur négligence et avoir promis de se ressaisir, les deux amants implorèrent sa clémence et obtinrent finalement de pouvoir se retrouver une fois par an, le 7ème jour du 7ème mois lunaire. Ce jour-là, les pies du Ciel se rassemblent pour construire un pont éphémère permettant les retrouvailles de Orihime et Hikoboshi.«
Personnellement, j’adore ! Et vous ?
La fête de Tanabata dans sa version japonaise
Une date officielle et quelques variantes…
Comme le rappelle la légende, la fête de Tanabata se tenait le 7ème jour du 7ème mois lunaire, mais depuis l’adoption de notre calendrier grégorien solaire en 1873, sa date ne varie plus. Elle tombe systématiquement le 7 juillet de chaque année sur le calendrier officiel du Japon. Cependant, certaines régions, notamment au nord du Japon, continuent de la fêter en août. En effet, c’est à cette période que les deux astres Véga (« tisseuse de nuages » selon la civilisation chinoise) et Altaïr (« annonciateur de la saison agricole) sont les plus visibles dans le ciel. C’est aussi à cette période que débute la saison agricole.
Une ribambelle de vœux pour une myriade de décorations !
Dans l’espace public, on sera d’emblée frappé par le foisonnement coloré de ces grandes banderoles cylindriques/fukinagashi/吹き流しsymbolisant, à travers les fils du métier à tisser, le vœu d’Orihime d’être une bonne tisserande.
De même, l’espace privé se pare de multiples décorations, sous forme de bandelettes de papier/tanzaku/短冊 accrochées à des bambous. Sur chacune de ces bandelettes de papier, il est coutume d’écrire un vœu que le vent se chargera de transmettre aux divinités pour qu’il soit exaucé !
Un plat incontournable à déguster
Comme toujours, impossible de clore ce chapitre sur Tanabata sans parler de cette coutume qui consiste à manger des sômen, ce jour-là en particulier.
Les sômen sont des nouilles blanches très fines, confectionnées à base de farine de blé. En été, il est habituel de les consommer froides pour leur effet rafraîchissant.
En outre, leur forme revêt un caractère symbolique. Dressées dans un plat, elles représenteraient la voie lactée de la légende ou les fils du métier à tisser de Orihime. A chacun son imaginaire ! 🙂
Alors, qu’avez-vous préféré dans ce mois de juillet au Japon ? Le mythe ou la réalité ?
Dites-le nous dans vos commentaires ! 🙂