D’aucuns prétendent que la prononciation du japonais est difficile…
Pour ma part, je tiens à tordre le cou à cette idée préconçue en vous faisant la démonstration du contraire ! 😀
Tout d’abord, je tiens à souligner que les oiseaux de mauvais augure qui s’aventurent dans cette allégation sans fondement confondent le plus souvent le chinois et le japonais. Plus exactement parlant, le japonais ayant notamment recours à des caractères chinois/kanji à l’écrit, ils en concluent hâtivement que les deux langues sont semblables à l’oral. Or, dans les faits, il n’en est rien : le chinois est une langue à tons (4 en chinois mandarin), ce qui n’est aucunement le cas du japonais !
Ensuite, mon expérience d’enseignante de japonais m’autorise à affirmer que la prononciation du japonais est extrêmement simple pour les apprenants francophones.
D’ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, j’ai pu en faire de nouveau l’expérience avec une enfant d’à peine 10 ans, sans précocité particulière, capable d’assimiler les 46 sons de base du japonais tout au plus en 1 heure. Alors oui, je veux bien le crier haut et fort : la prononciation du japonais relève d’un jeu d’enfant ! 🙂
C’est également l’avis de Charlotte Caspar, cette artisane en confection de wagashi que nous avons rencontrée l’été dernier.
Venons-en donc à la démonstration… 😉
Contrairement au chinois, le japonais n’est pas une langue à tons.
Le japonais diffère fondamentalement du chinois par l’absence de tons.
Ainsi, vous ne passerez pas des heures en laboratoire de langues à tenter de distinguer les variations d’un même son.
Par exemple, en chinois mandarin, « MA » se prononce de 4 façons différentes et signifie 4 choses différentes.
Prononciation en chinois : Astuces pour sonner comme un natif (chinoistips.com)
Du coup, à moins d’avoir commencé l’apprentissage très jeune ou d’avoir une oreille musicale très développée, autant dire que la maîtrise du chinois à l’oral est extrêmement difficile. En tout cas, me concernant, elle a eu raison de ma belle motivation initiale !
En revanche, en japonais, aucun obstacle de ce type n’existe ! 🙂
Certains puristes vous rétorqueront cependant que le japonais est une langue à accent. Soit, c’est exact ! Mais lorsque vous saurez que cet accent ne se place pas nécessairement au même endroit selon la région d’origine de votre locuteur japonais, vous aurez vite fait de vous décomplexer ! 😀
Ainsi, à moins de vouloir postuler comme présentateur de télévision sur la chaîne publique NHK, nul besoin de vous embarrasser de cet apprentissage. Tout le monde pourra vous comprendre sans !…
La prononciation du japonais repose sur l’assimilation de 46 sons de base.
Au final, ce sont donc 46 sons de base que vous devrez maîtriser pour entrer dans l’apprentissage oral de la langue japonaise.
Au nombre de ces 46 sons de base figurent :
- 5 voyelles : A, I, U, E, O
- 40 syllabes comportant une de ces 5 voyelles
- 1 son nasal apparenté au N
A l’oreille, la prononciation de ces 46 sons donne, en musique :
Vous noterez d’ailleurs à ce stade que, passage du temps oblige, le « tableau des 50 sons »/gojûonzu/ 五十音図 n’en compte plus aujourd’hui que 46…
Visuellement, ces 46 sons de base se transcrivent en caractères latins selon le système dit « Hepburn » de la façon suivante :
Alors, qu’en dites-vous ? Avez-vous trouvé cela insurmontable ?…
Avouez qu’un francophone a de quoi être rassuré sur la prononciation du japonais !
Tout au plus doit-il veiller à respecter les particularités suivantes :
- la voyelle E se prononce comme un « è » léger.
- la voyelle U se prononce comme un « ou » léger.
- le H des syllabes ha/hi/fu/he/ho est dit « aspiré » : il se prononce en expirant, comme en allemand.
- le R des syllabes ra/ri/ru/re/ro ne ressemble en rien au français : il s’apparente presque à un L !
Passez ce petit temps d’adaptation, il ne restera plus à l’apprenti japonisant qu’à s’adonner à quelques jeux d’associations ludiques, comme avec un jeu de LEGO.
Le cap des 46 sons de base franchi, à nous les jeux de LEGO phonétiques !
Cette panoplie de 46 sons de base à disposition des Japonais vient ensuite s’enrichir de variations simples d’acquisition, car logiques et dérivées des 46 sons de base.
Je m’explique.
- KA/KI/KU/KE/KO donne une variation en GA/GI/GU/GE/GO.
- SA/SHI/SU/SE/SO donne une variation en ZA/JI/ZU/ZE/ZO.
- TA/CHI/TSU/TE/TO donne une variation en DA/JI/ZU/DE/DO.
- HA/HI/FU/HE/HO donne une double dérivation en BA/BI/BU/BE/BO et PA/PI/PU/PE/PO.
- KI/SHI/CHI/NI/HI/MI/RI s’associent à YA/YU/YO pour donner : KYA/KYU/KYO – SHA/SHU/SHO – CHA/CHU/CHO – NYA/NYU/NYO – HYA/HYU/HYO – MYA/MYU/MYO – RYA/RYU/RYO.
- KYA/KYU/KYO donne une variation en GYA/GYU/GYO
- SHA/SHU/SHO donne une variation en JA/JU/JO
- HYA/HYU/HYO donne une double dérivation en BYA/BYU/BYO et PYA/PYU/PYO.
A l’oreille, cela donne le rendu suivant (pour info, c’est moi qui cause dans le micro ! :D) :
De même, l’apprenti japonisant découvrira chemin faisant l’importance de bien discriminer les sons longs des sons courts afin d’éviter tout malentendu avec ses interlocuteurs. L’allongement du son est communément transcrit par un accent circonflexe ^ (version française) ou une barre horizontale (version anglophone) portée au-dessus de la voyelle longue .
Par exemple : sayônara (yo long) – yûjin (yu long) – Okinawa (o court) – ôkina (o long)
Enfin, il s’accoutumera à l’existence de consonnes redoublées, provocant une sorte de « rebondissement sonore » dans certains mots.
Par exemple : Sapporo (consonne P en double) – chotto (consonne T en double).
En conclusion, à l’audition de ces sons, j’aimerais vous poser une simple question :
Pensez-vous vraiment qu’il soit difficile, voire insurmontable, de s’approprier la prononciation de ces sons ?…
Si la réponse spontanée à cette question est : « Bien sûr que non ! », alors…
Je vous donne rendez-vous dès la semaine prochaine pour aborder une notion complémentaire très importante pour bien capter et prononcer le japonais !
dewa mata raishû ! ではまた来週 !